Auteur : Traditions orales de Normandie
Date : IXe siècle
Source d’inspiration : La nuit où Brangien sacrifia sa vertu pour sa maîtresse
Genre : Pastiche osé
Titre : Un pucelage pour un royaume

Mise en contexte du pastiche

Iseut a donc traversé la mer pour épouser le roi Marc.  Bien, mais qui dit “épousailles” dit “nuit de noces”.  Qui dit “nuit de noces” dit “défloration”.  (Sans doute moins vrai aujourd’hui, mais c’était ainsi à la fin du premier millénaire alors qu’on ne riait pas avec la vertu des filles et sa preuve physique.)  Las, montée vierge sur la nef de Tristan, la princesse d’Irlande n’est plus la pucelle3 promise au roi de Cornouailles qand elle en descend.  

Envisagée sous l’ angle de l’éthique matrimoniale, la tromperie d’un époux est chose grave.  Quand le cocu est roi, elle est gravissime.  Mais quand le mariage est arrangé et qu’il est politique, le cocufiuage avant-l’heure d’une des parties relève de l’outrage diplomatique, de la fausse représentation, de la fraude internationale et de la forfaiture d’État la plus indigne.  C’est le dédit d’un pacte d’honneur, une rupture de traité, bref un casus belli.  N’en doutons pas, nos deux héros coupables d’adultère risquent leur vie s’ils sont découverts.  

Comment faire pour que Marc le roi cocu n’y voie que du feu ?

LE ROMAN DE TRISTAN ET ISEUT

 (Avec nos excuses renouvelées à Joseph Bédier)

UN PUCELAGE POUR UN ROYAUME

Abandon du texte original à :

À dix-huit jours de là, ayant convoqué tous ses barons, il (Marc) prit à femme Iseut la blonde1. 

AJOUT

Il avait attendu presque trois semaines avant de se décider.  Aussi belle fut Iseut la sublissime blonde qui allait devenir son épouse, le roi Marc ne se languissait pas de la faire sienne.  Elle souhaitait attendre un peu, avait-elle dit à son arrivée à la cour de Cornouailles, et le mieux connaître avant de se donner à lui.  Il comprenait ses réserves et n’avait eu aucune réticence à se plier à ses souhaits.

C’était un homme d’âge mûr.  Grand et majestueux, chevelure et barbe blanches, noble de traits, l’allure préservée par l’âge, il eut plu aux femmes mais n’avait jamais montré d’attirance pour leur commerce.  Certes, au temps de sa prime jeunesse, certaines gentes dames de la cour s’étaient fait un devoir de l’initier aux plaisirs de la chair, mais il n’avait pas trouvé grand attrait à goûter de leurs charmes.  Prince, il s’était plutôt découvert une certaine attirance pour les plus beaux des jeunes hommes de la cour du roi son père et il advint à la fin de son adolescence qu’il se laissât aller à d’amoureuses manoeuvres avec quelques gentils barons de son entourage2.

Devenu roi, au début de la vingtaine, Marc avait renoncé à la pratique de ce que l’époque jugeait incompatible avec l’exercice de fonctions royales.  Décidé à régner en souverain respecté et soucieux de sa gloire, il avait compris qu’il ne pourrait diriger de main ferme son pays et ne saurait maîtriser la grogne de ses barons si son mignon penchant devait être connu.  Il avait donc de longue date opté pour une vie quasi monacale, d’une totale chasteté.  Jamais marié, il vieillissait sans enfant.  Peu me chaut, pensait-il, d’avoir quelque fillot puisque je laisserai mon royaume à mon cher neveu, Tristan.  Le vieil homme nourrissait la plus tendre des affections pour le fils de feue sa soeur, la douce Blanchefleur de vénérée mémoire.

 Ses barons, jaloux de Tristan, insistant pour que leur souverrain procrée, il avait feint de vouloir pour femme la lointaine princesse irlandaise aux cheveux d’or, convaincu que jamais cette ennemie jurée de la Cornouailles n’accepterait de venir à lui et à plus forte raison de l’épouser.  Or, elle était là.

Seigneurs ne vous méprenez pas sur ce que je vous conte ici.  Le roi Marc aima Iseut du premier jour où il la vit, admirant sa beauté tout autant que son esprit.  Il eut été sans pitié pour qui eut prétendu la lui ravir et Tristan allait bien l’apprendre à ses dépens.  Certes, il la désirait plus comme compagne que comme maîtresse mais son devoir royal autant que ses impératifs politiques exigeaient qu’il conçût un enfant avec la reine.  Il entendait s’y résoudre.  

Venue en Cornouailles à trois jours de la pleine lune de juillet, la fiancée avait émis la volonté d’attendre la noirceur de la lune nouvelle pour entrer dans la couche nuptiale.    Gênée d’avoir pour la première fois à se montrer dans sa simple nature à un homme, fût-il son roi et son époux, la jeune femme avait requis l’obscurité totale pour se donner, écartant l’idée que quelque chandelle éclairât la chambre royale.  Marc avait aisément consenti.

Et l’heure de la consommation du mariage finit par venir.  Tard cette soirée-là, escorté de teneurs de bougies lui ouvrant la voie, le roi s’était couché le premier dans une longue chemise de soie ourlée de fils d’or.  Tous les privés et les fidèles qui chaque soir partageaient la chambre royale s’étaient retirés après avoir assisté au coucher du monarque.  Dans l’obscurité totale, nul ne vit la jeune femme rejoignant le seigneur.

Or celle qui laissa tomber ses vêtements de nuit au pied du grand lit à baldaquin n’était pas Iseut.  Comme cette histoire vous l’expliquera maintenant, la vierge que le roi Marc allait déflorer cette nuit-là était Brangien, la belle et fidèle suivante de la jeune reine.  Ainsi en avait décidé les deux nobles Irlandaises de connivence avec Tristan, puisqu’il était de toute première importance que le roi Marc fût convaincu de la virginité de son épouse.  Si Iseut ne l’était plus, Brangien, elle, était encore pucelle.

C’est à sa pureté virginale que la dame de compagnie allait renoncer cette nuit-là et c’est sa vie et celle de sa maîtresse qu’elle risquait de perdre en sus si le roi Marc devait s’apercevoir du subterfuge qu’elles avaient ourdi dans son dos.  

Brangien, sans rien sur elle, entra dans le lit royal et s’étendit sur le dos, se gardant de toucher à son occupant.  Craintive, froide et immobile, étendue aux flancs du royal époux de sa maîtresse, elle tremblait d’effroi en attendant que Marc lui manifestât son intérêt..  Il ne fut pas prompt à le faire.

• Gente amie, finit-il par lui dire, sa voix sonore et posée résonnant dans la chambre noire alors qu’elle supputait qu’il se fût endormi, je vous sens tendue.  Je comprends la vierge que vous êtes d’être à cet instant sur sa défense.  Nous nous connaissons si peu de l’esprit et du coeur à l’heure de nous unir charnellement.  Mais, je vous en prie, n’ayez crainte de moi.

Peu soucieuse de faire entendre sa voix, Brangien bougea sa main et la posa doucement sur celle du roi.

Que votre main est froide, ma très chère.  Auriez-vous réellement peur de votre époux ?  Ne nourrissez pas de tels sentiments, belle amie.  Je vous respecte de toute mon âme et serai prévenant et doux avec vous.  Vous savez, je ne suis plus un jeune homme et n’ai pas la fougue que manifesterait un amant de votre âge devant votre beauté.  Veuillez ne pas m’en faire grief.  Mais je vous aime tendrement et souhaite engendrer ma descendance avec vous.

• Sire, je suis votre serve, répondit Brangien d’une voix fort basse dont l’accent irlandais leurra le roi qui crut entendre Iseut.  Disposez de moi comme vous l’entendrez.  Je suis toute à vous.

• Alors ma mie, il va vous falloir être patiente et me laisser entreprendre nos amours à ma façon qui pourra vous étonner.  Vous dites être toute à moi, je ne vous en demande pas tant.  Je saurai me satisfaire de ce que vous me donnerez de votre seul gré et souhaite que vous soyez comblée par les atttentions que je vous destine.

• Dites-moi que faire, mon gentil sire, et je vous obéirai …  Souffla la vierge.

• Eh bien, soyez assez aimable de ne point vous en offusquer, mais j’aimerais que vous vous tourniez sur les genoux et les coudes et me présentiez votre dos.

Trop soulagée de pouvoir de cette manière dissimuler son visage dans le creux de son oreiller, Brangien en moins de temps qu’il n’en faut pour dire une patenôtre se tourna et, telle une lice en chaleur, à quatre pattes, dressa sa chute de reins vers le ciel de lit.   Le vieux roi se leva et vint s’agenouiller sur leur couche derrière elle.  La jeune femme craignait qu’il ne la prît sur le champ, mais non, Marc choisit d’engager leurs ébats en touchant ce qu’elle lui présentait et qu’il ne voyait pas dans le noir.  Il lui demanda fort civilement d’ouvrir ses jambes, frôla délicatement les chairs de son fessier avant d’en dissocier à gestes tendres les deux lobes serrés en les pressant des paumes.  Branghien, soulagée que le roi se fût, jusqu’ici, laissé tromper au change, crut bon de bien jouer son rôle d’épouse attentionnée.  Ne trouvant aucun déplaisir à la tranquille approche de son seigneur et maître, elle décida de la faciliter en écartant elle-même de ses mains portées au bas de son dos, les deux masses charnues de sa croupe.  Découvrant à tâtons cette nouvelle exposition du terrain de ses jeux, l’heureux monarque choisit de poursuivre les prémisses de leurs amours en jouant longuement de doigts furtifs dans les poils de la dépression joignant le coccyx de la belle à son mont de Vénus.  

Brangien avait depuis son adolescence une pilosité fort fournie sur le bas ventre.  À la différence d’Iseut, aux mèches pubiennes éparses mais, surtout, résolument blondes, la dame de compagnie était rousse, ce que la noirceur dissimula au roi.  Les deux jeunes femmes se comparant riaient entre elles de leurs différences à l’heure d’ablutions communes ou ces quelques fois où, partageant la même couche, elles tardaient à s’endormir.

Comme un acheteur attentif prenant connaissance des biens qu’il vient d’acquérir, Marc toucha du bout des phalanges les chairs offertes, les huma du bout du nez et les embrassa du bout des lèvres, sans prononcer la moindre parole.  Ces gestes peu assurés, presque gauches, troublaient la jeune Irlandaise qui s’attendait à souffrir sous une mâle et déchirante emprise.  Dominant sa peur, elle finit par répondre aux stimulations si délicates, en faisant saillir davantage sa croupe épanouie.  Le visage bien caché au creux de l’oreiller, elle ne put se retenir d’y aller de quelques discrets soupirs dans la nuit complice.  Elle qui ne connaissait que l’amour lesbien et la jouissance qu’elle savait se donner seule, elle qui redoutait un douloureux dépucelage, s’étonnait de se sentir plutôt en joie dans la couche qu’elle usurpait.  

Son vénérable amant d’un soir la surprenait en semblant moins s’intéresser à la tendre coquille féminine qu’elle lui sacrifiait qu’au crispé bouton de rose voisin devenant la cible privilégiée des attentions royales.  Qu’importât cette curiosité saugrenue, les caresses qu’il prodiguait à ses arrières semblaient toutes douces à la jeune fille.  Seul un restant de crainte d’être démasquée nuisait encore à sa totale félicité.  Succédant aux caresses, une royale phalange l’intrigua en venant peser sur son fondement jusqu’à en forcer doucement l’ouverture et s’insinuer en elle.  Elle en frémit, bouche bée, retenant un instant ses soupirs.  Jamais elle n’avait-ouï que telle pratique existât : main au cul, certes, mais doigt dans le troufignon ? …  Interdite, mal à l’aise, les sens aux aguets, elle se sentait fichée sur la couche, telle une citrouille transpercée d’une flèche.  Conscient du manque de réaction de sa partenaire, Marc freina un instant l’avancée de sa main.  Bien peu de temps, au jugement de l’empalée, effarée de percevoir la phalange au train d’escargot bientôt reprendre sa progression et gagner du terrain en elle.  Le doigt entier du monarque finit par prendre ses aises dans l’étroit canal.  Brangien ne savait comment réagir.  Que ferait et dirait Iseut à sa place ?  Elle n’osait parler et risquer de les trahir.

Elle sentit alors dans l’obscurité, le roi Marc venir tout contre elle en relevant sa longue chemise de nuit.  Le sceptre royal ballotta sur l’arrière de ses cuisses, volumineux, mais balourd et plutôt mou.  Elle hésita à le saisir et le caresser comme, savait-elle d’amies plus âgées, il est de bonne amitié qu’une épousée fasse à son mari lors de la nuit de noces.  Mais le roi ne semblait pas manifester d’attente à cet égard. 

Et puis l’index inquisiteur bougea en douceur, lentement, posément, entamant en elle une curieuse gigue : vient-part, un pas en avant, un pas en arrière, revient-repart …   Brangien, nécessairement soumise, se surprit à ne pas trouver déplaisir au mouvement qui l’amena à pousser contre sa volonté quelques gémissements étouffés que nulle douleur ne justifiait.  Son nez dans la couette l’empêchant de respirer profondément, elle haleta bientôt sans parvenir à dissimuler le bruit de ses appels d’air.  Ainsi sollicitée, sa rosace réagissait à sa façon, d’instinct, s’ouvrant spasmodiquement à chaque irruption et se resserrant aux ressacs.  Le résultat sur le vit souverain fut quasi immédiat.  La belle à genoux le sentit grossir entre ses cuisses.  

Alors, enhardi par l’accueil qu’on lui faisait, le roi se décida.  Le doigt éclaireur sortit d’un coup du petit orifice et Marc présenta son gros vit à la voie ouverte devant lui.  Le bout du membre sur la rosette de la vierge sembla soudain prendre de la vigueur en forçant dans les plis serrés.  Brangien ressentant cette fois une douleur certaine fit un bond en avant qui la « décula » sur le champ.  Embarrassée par cette témérité, elle recula d‘un vif mouvement à rebours son postérieur vers le ventre du roi.  Adroite ou chanceuse, seigneurs je ne saurais me prononcer, elle s’y prit de telle manière que l’appendice viril pénétra de tout son long dans sa vierge matrice.  Le vagin que tant de caresses avaient préparé à l’amour gaina la hampe royale qui le dépucela d’aplomb sans que l’empalée volontaire n’en ressentît la moindre douleur.  Ainsi investie au profond de ses entrailles, la fausse épouse ne put se retenir de gémir cette fois fort bruyamment dans la nuit noire.

Le roi Marc fut-il déçu par ce détournement de ses hommages ?  Gentils seigneurs, je ne saurais vous le dire.  Mais il s’y résigna écoutant la raison.  Il savait qu’il lui fallait déflorer la reine et, un moment pensif, le roi cocu, au fond un homme simple, se fit la réflexion qu’une nuit de noces était propice à cet égard.  D’autres occasions viendraient qui lui permettraient d’ouvrir d’autres voies de communication amoureuse avec sa jeune épouse.  Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, il souleva la lourde masse de cheveux de sa compagne et jugea le moment propice à s’enquérir de ses humeurs.

• Comment vous sentez-vous, ma mie ? demanda-t-il d’une voix étonnamment grave.

• Si bien que je n’en puis parler … Souffla Brangien soucieuse de se faire le moins possible entendre, mais, de fait, disant vrai.

• Alors, taisez-vous, ma reine et goûtez votre plaisir.  Il m’importe.

Cette prévenance toucha la jeune femme qui, comblée par la mentule royale, eut souci de faire un geste qui plût à son bienfaiteur.  Elle tâtonna d’une main timide vers leur deux sexes imbriqués.  Les filles savent bien – et en rient entre elles – que les hommes aiment que l’on porte attention à leurs attributs virils.  Le pénis comblant son ventre lui était inaccessible, ce qui n’était pas le cas des deux grosses couilles royales pendantes à leurs cuisses.  Les doigts furtifs de la belle empoignèrent le scrotum velu.  Il débordait de la menotte qui le soupesa, le tritura et lui fit un doux nid.  Ce qui parut plaire au souverain qui en grogna, moins de plaisir qu’à la satisfaction de constater que sa jeune épouse participait de bon cœur à leur première copulation.  De bons augures, estimait-il.  Alors, s’accrochant des deux mains aux épaules de celle qu’il prenait pour sa reine, Marc entreprit une laborieuse cavalcade.  

Sous son étreinte, Brangien fit bonne monture.  Écoutant sa nature, elle s’accrocha bientôt de deux bras à l’un des poteaux du dais et facilita du mieux qu’elle le put la chevauchée royale en l’accompagnant de va-et-vient de croupe comparables à ceux d’un cheval au galop.  Alors les faux mariés mais vrais amants se mirent en besogne sans deviser, tant que Brangien, qui n’en attendait pas tant, finit par en éprouver d’intenses satisfactions.  De son côté, le vieux Marc se prenait à ne pas trouver le temps trop long.  Certes, son vit n’avait plus la vigueur de sa lointaine jeunesse quand il le présentait aux coquins derrières de ses mâles amours, mais les chairs qu’il investissait étaient si étroites qu’il en ressentait d’émouvantes réminiscences, les emplissait toutes entières et s’y sentait plutôt bien.  Au grand bonheur de la déflorée mordant l’oreiller pour ne pas manifester plus fort son contentement.  Or, contente elle le fut, et plusieurs fois, le roi semblant peiner à jouir et prenant tout son temps pour ce faire.  Quand enfin il y parvint, il sembla que toutes ses forces s’étaient épuisées dans le tournoi.  Il se laissa tomber sur le côté en soufflant comme une outre qui se vide.  L’instant suivant il dormait en ronflotant d’aise et Brangien apaisée, sereine, le feu aux joues, le quittait sans aucun bruit dans la nuit noire.

Quelques minutes plus tard, Iseut laissait tomber sa chemise au pied du baldaquin.  Aussi nue que l’était Brangien plus tôt dans la nuit, elle se coucha dans les tâches de sang rougissant le drap nuptial qui macula de quelques souillures son blanc fessier.  Quelques gouttes de la semence de Tristan qui venait de l’honorer trois fois, collaient aux poils du sillon entre ses jambes.  Des traces dont s’émut le roi Marc lorsqu’aux premières lueurs du matin il découvrit sa jeune épousée couchée sur le ventre à ses côtés.  Ragaillardi par une matinale ardeur et stimulé par le rond et majestueux postérieur qu’on lui présentait cette fois dans la lumière, il s’agenouilla derrière Iseut, leurs quatre genoux se touchant et, assis sur les mollets de la blonde, se trouva d’humeur à l’aimer de nouveau.  

Elle dormait cuisses entrouvertes.  Seigneurs, dormait-elle vraiment ?  Il essuya de sa chemise le sang séché brunissant la croupe d’albâtre et des sécrétions séchées luisant encore autour du sexe défloré.  Curieux, émerveillé, il ne résista pas à l’envie d’écarter doucement les fesses de la belle pour enfin tout voir d’elle.   L’émouvante vallée et le pied du mont de Vénus la surplombant lui apparurent couverts d’un léger duvet du plus beau blond qui fût.  Il s’étonna un court instant de le découvrir moins densément touffu qu’il l’eut cru la veille alors qu’il avait difficilement trouvé ses chemins des doigts, de la bouche et du nez dans ce qui lui avait semblé une jungle.  Il se surprit encore en remarquant une fossette prononcée juste au-dessus du trou de bise4 de la belle endormie, un petit creux dans ses chairs rebondies dont il n’avait pas senti la présence de ses mains attentives durant ses investigations nocturnes.  Il y risqua un léger baiser, puis, se penchant à le toucher, s’abîma dans la contemplation du cul de son épouse.  Le pertuis anal le bouleversait.  Rose et si petit, il lui sembla encore plus serré et crispé que lorsqu’il en avait tenté le bref assaut nocturne, las infructueux.  Il y présenta son index fouineur auquel, cette fois, l’anneau contracté refusa tout passage.  Et la reine bougea.

Le vieux Marc en frémit, comme un enfant pris en faute.  Lors, il se rabattit sur les lèvres roses accessibles sous le pubis de sa femme.  Pour maculées de foutre qu’elles fussent, ses doigts caressants les trouvèrent sèches, fermées et notablement moins accueillantes qu’aux heures de la nuit.  Conscient de devoir s’acquitter de son royal et conjugal devoir, il écarta les cuisses de son épouse somnolente, présenta son membre moyennement bandé au tendre orifice et parvint, de peine et de misère, à envahir la place sans que la reine l’y aidât le moindrement.  Il se méprit en croyant reconnaitre l’étroitesse vaginale qui l’avait tant séduit durant la nuit, lui rappelant les lointains coïts de sa jeunesse dans de mâles boyaux.  

Il lui parut, hélas, que sa jeune épouse mît moins d’empressement à recevoir ses galanteries que durant la nuit.  Le tenon royal, au jeu bientôt tuméfié, besogna dans une mortaise aussi aride, serrée et râpeuse qu’un doigtier de fauconnier.   Aussi long fut-il à se démener en elle, Iseut ne lui prêta aucune assistance pas plus qu’elle ne manifesta son enthousiasme comme elle l’avait si voluptueusement et bruyamment fait à leur première copulation. 

Néophyte en l’art d’interpréter les humeurs féminines, le brave cocu se dit : ma femme n’est pas du matin et préfère les nuits sans lune pour faire l’amour.  Il me faudra m’en souvenir.  Mais jamais plus sa compagne de couche ne serait avec lui aussi attentive, enjouée et pétulante qu’à leur première et seule nuit de plaisir.  Le crédule Marc s’étonnerait toujours du peu d’appétit sexuel de son Iseut qui lui avait pourtant montré tant de potentiel amoureux à son dépucelage.  

Et le roi cornu, un homme bien peu au fait des choses de l’amour, de longtemps s’interroger sur la propension des femmes à ne jamais autant jouir qu’à l’heure de leur défloration.

Reprise du texte original à : En châtiment de la male garde5 qu’elle avait faite sur la mer et pour l’amour de son amie, Brangien la fidèle avait sacrifié la pureté de son corps; l’obscurité de la nuit cacha au roi sa ruse et sa honte6.


1 Page 78 de notre ouvrage de référence

2 NDLR -Qui nous tiendra rigueur de mettre ici en scène un roi Marc homosexuel, (ce que ne précisepas la légende)?  Maiss’il n’est pas «gai», dieu, que l’on nous le décrit comme s’il l’était.  Cet homme a passé la cinquantaine, ne s’estjamaismarié.  On ne lui connait pas de liaison féminine.  Il couve d’un amour possessif son beau neveu Tristan.L’auteur nous précise que «le roi ne peut plus vivre heureusement sans lui».Ce sont ses barons qui lui imposent de prendre femme, lui quis’est engagéà ce «qu’aussi longtemps quevivrait son cher neveu, nulle fille de roi n’entrerait en sa couche.»  Forcé de choisir épouse, il réagit ainsi face à l’obligation:«Où donc trouver fille de roi si lointaine et inaccessible que je puisse feindre, mais feindre seulement, de la vouloir pour femme? »Faut-il ne pas avoir envie de procréer!  Peut-on moinsdésirer une présence féminine à ses côtés?  Un roi chaste et sans favorites?Une exception dans l’Histoire?  Non, un homosexuel.

3 NDLR-Que l’on n’aille point croire que cette substitutiond’épouse à la faveur de la nuit soitissue de notre imagination.L’idée certes osée de mettre Brangien dans le lit de Marc en lieu et place d’Iseut est bien celle des auteurs de lalégende.  Et, n’endéplaise aux sceptiques,le subterfuge vieuxde plus de mille ans a fonctionné, foi des nombreux bardes,trouvèreset auteurs qui narrèrent cettehistoire au fil des siècles. 

4 Trou de bise: le terme évocateur est de Rabelais  

5 Male garde –(mauvaisegarde) Comprendre ici le manque d’attention coupable de Brangien au philtre d’amour donné par la reine d’Irlande etbu par mégarde par Tristan et Iseut.

6 Page 78 de notre texte deréférence.