LE DORMEUR DU VAL

EN JOUANT AVEC RIMBAUD

  • 1 – LE DORMEUR DU VAL
  • 2 – PREMIÈRE SOIRÉE
  • 3 – LES CHERCHEUSES DE POUX

Auteur : Arthur Rimbaud
Dates : 1870, 71
Inspiration : 
1 – Et si ce soldat mort avait eu la bonne idée de déserter la veille ?
2 – Cette soirée fut couronnée de succès.  À preuve …
3 – Et si les deux sœurs s’étaient mises en quêtes de pthirus pubis 
Genre : Liberté poétique
Titres : Les amants du val, Première soirée, Deux sœurs et leur frère

LE DORMEUR DU VAL

Auteur : Arthur Rimbaud
Date : 1870
Genre : Liberté poétique
Titre : Les amants du val

Avec nos excuses à Arthur Rimbaud

C’est un trou de verdure où chante une rivière
Coulant ses flots d’argent.  Dans l’herbe, sous la nue,
Aux rayons du soleil, couchée, une bergère,
Jambes accrochant le ciel, s’exhibe fière et nue.

Un soldat, bouche ouverte, à genoux devant elle
La boit des yeux, souriant comme un enfant peureux.
Il a fui ses frères pour aimer la rebelle
Du Val au cresson bleu, berceau des amoureux.

Bandé dans les glaïeuls qu’il écrase sous lui,
Il ne voit que ce ventre où la cyprine luit :
Nature, agrée l’ardent désir qui le mord.

De lourds parfums d’amour ont gagné ses narines
Quand il a joui pour elle, les mains sur sa poitrine.
Un déserteur heureux, vaut mille soldats morts.

 

PREMIÈRE SOIRÉE

Auteur : Arthur Rimbaud
Date : 1870
Genre : Liberté poétique
Titre : Idem

Avec nos excuses à Arthur Rimbaud

 

Elle était fort déshabillée
Et de grands arbres indiscrets
Aux vitres jetaient leur feuillée
En vrais voyeurs, tout près, tout près.

Assise sur ma grande chaise,
En un ample et béant pilou,
Babillant et toute à son aise,
Elle ne fermait pas les genoux

J’apercevais, rose et châtain
Son buissonnet sous le coton.
Le décolleté libertin
Bayait sur deux fringants tétons.

Pour approcher la jeune fille
En me gardant d’être brutal,
Je baisai ses fines chevilles.
Elle eut un rire de cristal.

Ses petits pieds sur mes épaules
Se posèrent comme des oiseaux.
Je crus bien perdre mon contrôle
Entre ses longs muscles en fuseau.

Chair palpitante sous ma lèvre,
Je baisai son sillon pubien,
Tentant de lui cacher ma fièvre.
Elle soupira : Tu fais ça bien.

« Monsieur, j’ai deux mots à te dire :
Lève-toi je vais t’expliquer…
(Ses mains, sa bouche descendirent.)
Comment on joue au bilboquet.
Enfin toute déshabillée,

Elle me fit part de vœux urgents
Et les grands arbres et leur feuillée
En eurent bien pour leur argent.

 

LES CHERCHEUSES DE POUX

Auteur : Arthur Rimbaud
Date : 1871
Genre : Liberté poétique
Titre : Deux sœurs et leur frère

Avec nos excuses à Arthur Rimbaud

Quand l’âme de l’enfant livrée aux répugnances,
Émeut son ventre au fil de rêves indistincts,
Qu’il gémit dans la nuit, espérant délivrance, 
Il vient près de son lit deux sœurs à l’air mutin.

Ses ainées se dévêtent et, levant sa chemise, 
Se lovent incontinent aux flancs nus du dormeur
Et sur le corps fluet assurant leur mainmise,
Promènent leurs doigts fins, terribles et charmeurs. 

Il écoute chanter leurs haleines attractives
Qui fleurent de longs miels végétaux et rosés
Et qu’interrompt parfois un sifflement, salives,
Reprises sur la lèvre ou désirs de baisers.

Il entend leurs cils noirs battant sur sa poitrine,
Papillons voletant de ses tétons à l’aine.
Électrique, une main, furetant comme fouine,
Trouve à son creux bassin sa raideur et la gaine.

Laquelle a pris en bouche sa chair qui se dresse, ?
Vibrant comme pistil aux lapements goulus ?
L’enfant se sent, selon l’effet de ces caresses,
Sourdre et mourir sans cesse un désir d’absolu.