Auteur : François Rabelais
Source d’inspiration : Les amours de Gargamelle et Grandgousier
Date : 1534
Genre : Pastiche osé
Titre : Comment Grandousier engrossa Gargamelle
Mise en contexte du pastiche
François Rabelais, qui nous informe généreusement de tous les détails – même les plus scabreux et les plus scatologiques – de la vie très « horrifique » du grand Gargantua, père de Pantagruel, fait débuter son immense ouvrage par la gestation de son héros. Premiers sous-titres de son œuvre : « COMMENT GARGANTUA FUT ONZE MOIS PORTÉ AU VENTRE DE SA MÈRE » suivi de « LES PROPOS DES BIEN-IVRES »
Des amours des parents, Grandgousier et Gargamelle, précédant cette grossesse, Rabelais se contente de nous fournir quelques brèves et inspirantes indications : « En son âge virile, [Grandgousier] épousa Gargamelle, fille du roi des Parpaillots, belle gouge et de bonne trogne, et faisaient eux deux souvent ensemble la bête à deux dos, joyeusement se frottant leur lard, tant qu’elle engrossa d’un beau fils… »
Ainsi stimulé, nous avons tenté d’en imaginer un peu plus sur les « frottis cochons » des libidineux parents de Gargantua, en risquant deux autres sous-titres à l’œuvre du maître et quelques « pantagruélismes » de notre très modeste (et laborieux) cru.
GARGANTUA
(Avec nos excuses à Alcofribas Nasier)
Adaptation syntaxique en français moderne et annotations
en bas de page par Annie Foudelle-Rey de la faculté de lettres
de l’Université François-Rabelais de Tours
DEUX AJOUTS AU DÉBUT DU TEXTE
1-1 – COMMENT GRANGOUSIER ENGROSSA
GARGAMELLE DE LEUR FILS GARGANTUA
Grandgousier estoit bon gaultier, puissamment coillu, bien advantagé en nez, aimant le déduit1 autant qu’homme qui pour lors fût au monde. Montroit toujours attrait pour la cuisse des demoiselles, leur souef jabote, tendres tétins, hanches charnues, rondelet conet, succulent callibristis dessous le buissonet et mignon trou de bise. Avoit congneu carnelement dans sa jeunesse bonne munition de gaupes, molt meschines, vilotières et droyeres avec qui avoit appris à frotter de bon hoit2 son lard. De cette manière, estoit devenu seeur et experient dans l’art de jouer du serre-cropvère.
Il trouilloit les maladies que donnent parfois les bagasses des bordeaux3 et les garses d’entour et préféroit mignonner les gualantes paysanes de son royaume : grosses fermes cuisses, larges reins et sarrant triangle fendu.
En son âge virile, espousoit moult amourablement Gargamelle, fille du roy des Parpaillos. Avoit foit le choisement de cette belle dondoun pour sa riante et rubiconde trogne, allure gualante, regard amiable, tendres et blanches chars, mammelettes grasses et dodues. Surtout au mirement de sa grosselette croupe de jusmens et du ventrelet rebondy, dont il avoit le pencement qu’il retiendroit bien sa semence d’estallon et engeanceroit de beaux enfançonnets.
La pucelle estoit alors ignorante en amouracheries, il lui apprit à aimer culeter et Gargamelle qui n’estoit pas desdaigneuse des esbatements de l’amor fit bien volontairement pour lui le tour de l’escremie4 et, dès lors, ils s’amourèrent l’ung de l’aultre tant est vrai que pucelle venue de bon sang voulentiers s’amoure de chevalier de bonne venue comme elle. Ainsi percoit souvent le tonneau avecque elle, foutant, bluttant, s’acolant joyeusement, s’escambillant et trinquant de toute sorte de manières a tout rebras5 et a toute heure du jour.
Dedans un jour qui ne fust pas trop lointain après son nopçage, et le deshousage6 de Gargamelle, Grandgousier avecit idee d’establier sa sienne mesniee decida le concepvement fecundatif de leur progeniee. Plus question la de baizoter mais bien que vinrent à naissement plus beaux, droicts et bien formez fillots qu’eux-mêmes, comme doit être tout enfançon comparagié à ses geneteurs.
A pareille raison, Jupiter fit durer 48 heures la nuit qu’il coucha avec Alcmène, pour forger Hercule. Pour cette mesme choison, Grangousier opta pour l’organizement d’une veillerie mais quelle veillerie !
Le capon emberlucoqua7 pour sa belle une saffrette8 nuittiee. Vingt et six jours avant la date, les amans se tinrent pou loigny9 l’ung de l’aultre et chastes comme saintes du paradis, lonc temp sains se manoiier ni se tripatouiller la char, juste à s’argouirer10 mignardement de mil façonnettes pour avoir moult grant désirrier, fureur priapique et culaine rage en se retrouvant au lit.
Et sabez quoi, hillots , Grandgousier, aussi vigueroz et hardis qu’il soye, pour estre asseur de bien bandeler et rebandeler son billonart, embesogna neuf belles baisselettes11 et paysanes à se tenir au bord des cortines du lit, esnuées12 comme au premier matinet, quatre sur le dos écarquillant leurs cuisses sur leur landie resudant, les cinq aultres faisant du potage à quatre genoux et montrant leur crepion, fesses bien ouvrées sur le trou de bise. Ainsi, partout où son regard se portoit, Grandgousier, tel Apollon parmi ses neuf muses, ne voyoit que mamerons, tétins, lanternes béantes, fendaces poilues et ropions mignons. Les servantes, ribon, ribaine, avoient mission de changer les chandelles. Ne devoient pas jargonner ensemble, bouche close. Interdiction leur estoit faite de gamahoter entre elles comme parfois femmes font quand elles estoient en privance d’amans mais obligation de regarder yeu mestres se vaultroyant et de toujours yeu sourire. Elles avoient encore à torcher à l’eau claire le vibrequin mâle s’il advenoit que fiente y colla au sortir du guichet du serrail13 plene de toutes delices de la fille du roy des Parpaillos, et à débarrasser Gargamelle de l’excédent de foutre dont elle ruisseloit du conibert.
Toute livrée à son penser et son désir icelle fut au matin si tant pleine d’huile de rein à la fourche qu’elle en débordoit ce qui ne l’empêchoit pas d’encor et encor faire revenir à sienne envis la cheville de son seigneur, soit en la patinant entre ses doulces mains, soit en l’engoulant franchement. Et miracle, tant bien s’y prit que le flasque vit toujours se guindoit et devenoit ceste queue bien droicte et vigoureuse à nouveau prête à fourgonner.
Sous la lune pleine jusqu’au solairier14 d’avril, les deux ne s’adonnèrent à aultre chose qu’à fotre, putayner, paillarder et ribler tout leur saoul. Ce temps pendant ils forniquèrent et vogue la galée que c’estoit passe-temps celeste les voir ainsi soi rigoler. Beaucoup embrassaient et beaucoup étreignaient. N’estoit lors question entre les deux que de baiser, se mignonner, godiller et gaudir. Elle lui fit beau cul giflu et il lui lubriqua le pois pour le rendre glissant, le ficher en pal et y hoqueter du guilleri saoulablement tant qu’il le put. Harri bourriquet ! Ils mirent douzil dans esventoire15, dille dans bondon, firent moultes bestes à deux dos, lesquelles sembloyent joyeuses à merveilles et copieuses en culetis avecques sempiternel remuement de cropio et lescheculage, force leschement de vivificque cheville et de mouillée louvière16 Il lui souffloit au cul, elle lui léchoit les badigoinces Il lui mordoit les tétins, elle lui gratinoit le derrière. Ils s’embrasèrent du hault jusqu’au bas en passant par l’estoumaque, la pendilloche, les genitailles la succulante cassolette et chacun leur sien fignon. Ils s’entraherdrèrent17 de grant force allant de foutrée en foutrée, d’enconnage en jointure, de montoir en jeux françois tous plus hardis l’ung qu’aultre.
Une bacelote18 présente aux cortines de leur couche s’esmerveilloit de ce que Grandgousier, fier jaculateur, avoit connu cinquante fois le deduit19 en douze heures. Une aultre ajouta que sa compagne avoit braillé sa jouissance sains discontinuance toute la nuittiee durant et s’estoit jacté20 d’en avoir eu le double.
Ainsi ont toute chose leur fin et période. Et Gargantua, que Gargamelle alloit ventreporter onze mois, avoit esté engendré asi manière.
Et si ne me croyez, le fondement vous escappe.
1.2 – LES PROPOS DES BONS-GALANTS
GRANDGOUSIER
Ai ! Tan grans enveia m’en ve !
Ainsi conquêta le cygne Leda.
Une vraie galée s’il en fut jamais depuis que le monde gale galant, gala de galamie.
Vous ay je faict du mal ainsi ?
Peu me chaut la fatigue, je vous sens bien à poinct
Vous voilà pourfendue, ma drue !
Par ma fi ! ma commère, je ne peux entrer en pois. Faictes-moi meilleur accueilloit !
Ça m’est éternité de foutrerie et foutrerie d’éternité !
Ragenoillez-vous, le bon Dieu va passer.
Celui-ci va vous laver les tripes !
Embrochons, ne meurrons jamais !
Foutons en con foutons en cul !
Si ma couille perdoit quelque tenue, la voudriez-vous bien flatter et dodeliner mon cas ?
L’appétit vient en paillardant, le désir monte en boutant !
Je vous y prends, je vous réveille.
Hardi ma mie. Mon génital est sorti du fourreau à la mode des andouilles de Bretagne.
Sucez la substantifique moelle ! Oui, mais sains rompre l’os.
Ralons jouer sains respit, mortecouille !
On ne peut bander l’arc sains le brandeler.
Plus dur que fer j’ai fini mon ouvrage.
Et que je te carillonne à double carillon de couillons.
Voici maître Jean Chouart qui demande logis.
Il faut baiser mon vit autant que le branler.
Bons nageurs sont à la fin noyés.
Souffrez que je vous apprête un clystère barbarin.
Nouvelle cheminée est bientôt enfûmée.
Guilleri est vain sains fortes coilles.
Tant que la tige a souche, elle ne se plie.
Le feu de Saint-François me ard ! Que trépasse si faiblis !
GARGAMELLE
Crier me faut mon bien toute la nuit.
Que tout bande et tout s’enconne !
J’aurais le cœur irié de vous voir fatinier.
Qui se sert de la lampe au moins de l’huile y met.
Jusqu’au chief le rebracerons et puis nu vous le monstrerons.
Du bâton que l’on tient, on est souvent battue.
Sire vous bubajallez comme vieux mulet !
Celui-ci me fouette bien la boursavits.
Il faut rougir le fer avant de le forger ores la langue me pèle.
Votre gros bourdon embourrez donques au parvis de mon caudet.
Petites chatouillures et mignardes mordillures sur mon calibistri et je vous gloute la capitelle.
Je mouille, j’humecte et tout de peur de mourir.
Hors le con, point de salut !
O quants aultres y entreront avant que celui-ci sorte de mon autel velu.
Si je montais aussi bien comme j’avale, je fus pieca haut en l’air.
A toi, capon, de hait, de hait !
M’aymes vous pas bien mon conin que vous embrocheriez si tant mon pois.
Réveille toy, ce n’ay point temps dormy ? Dieu aide ! Mon compagnon, courage !
Ne nous hâtons point et amassons bien tout.
Il n’y a rabouillère en mon corps où cestui vit ne furette la joie.
Fichez votre échalas dans mon carquié de vigne.
Mouillons, hé il fait beau sécher.
Qui ne peut galoper, qu’il trotte.
Avec le temps s’amollit le plus dur fer.
Votre pendeloche me fait un été dans l’entrefesson. Cetui entre au bissac, la cuvrette n’y aura rien. Cetui-ci me la fouette bien. Bestornez-moi, vous êtes le bien vaigneux.
1Déduit : plaisir charnel.
2De bon hoit : de bon coeur.
3Bagasse des bordeaux : prostituées de bordels
4Faire le tour de l’escremie : céder, se donner (en parlant d’une femme)
5À tout rebras : de toutes leurs forces
6Deshousage : dépucelage
7Emberlucoquer : préparer un traquenard
8Safret (ou saffret) : voluptueux, lascif
9Pou loigny : éloignés
10S’argouirer : se faire des agaceries
11Baisselette : jeune servante
12Esnuées : nues
13Guichet du serial : sphincter anal
14Solairier : lever du soleil
15Esventoire : ouverture du tonneau
16Louvière : vagin
17S’entraherdred : se saisir mutuellement
18Bacelote : jeune fille
19Delit : plaisir, jouissance
20Se jacter : se vanter